Cinéma à la une
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Rencontre avec Leïla Kilani

Leïla Kilani a réalisé Indivision. Le film plonge les spectateurs dans les intrications émotionnelles et les tensions familiales au Maroc. À travers le récit de deux frères en quête d’un héritage familial, Indivision explore avec subtilité les conflits générationnels et les dilemmes moraux qui émergent lorsque tradition et modernité se rencontrent. Une œuvre poignante qui interroge les notions d’identité, de responsabilité et de lien familial dans la société marocaine contemporaine.

 
Leila KilaniComment définiriez-vous Indivision ? Un drame familial ? Une histoire d’apprentissage ?

Les deux. C’est aussi un conte. Ça mélange plusieurs fils et se dire que nous arrivons à faire un film aujourd’hui dans cette prolifération est extrêmement réjouissant. J’ai beaucoup aimé utiliser cette génération qui ne renonce à rien, peut vivre et faire plein de choses à la fois, vit dans le virtuel et le réel. L’héroïne de ce compte est une vraie Shéhérazade 2.0 qui empoigne les réseaux sociaux pour en faire son arène de conte. On peut dire que c’est une nouvelle version des Mille et Une nuits.

Le film est-il inspiré d’événements de votre enfance ?

Pas directement. Je pense qu’on écrit toujours en se mettant à la place de quelqu’un. En l’occurrence j’étais cette petite fille ayant grandi à Casablanca, qui, en rentrant en vacances dans la maison de sa grand-mère, n’avait pas le droit de sortir. J’ai grandi dans un monde où l’image était rare, précieuse et interdite dans les années 1970-1980 où le régime dictatorial d’Hassan II contrôlait tout. C’était donc fondamental pour moi de me demander quelle histoire je pouvais raconter en incluant les réseaux et l’image sans leur côté « lieu de débilité et de crispation ». Ce n’est ni un film à la première personne, ni une autofiction, ni une manière de revisiter le passé. J’ai évidemment puisé dans les confrontations autour de l’héritage que j’ai pu vivre et de ses rapports qui sont à la fois remplis d’amour et de conflits. La famille est la première cellule de la société, que je le veuille ou non mon imaginaire puisera là dedans. Mais j’ai surtout voulu inventer une nouvelle figure romanesque, de manière complètement affranchie, à travers cette famille où vieux et jeunes s’affrontent. Je m’identifie beaucoup au personnage du père. Il y a aussi la petite Shéhérazade 2.0, la grand-mère barbare et cruelle sortie tout droit des contes qui est vue à travers le regard de sa petite fille, et l’oncle un peu loser magnifique qui est un personnage très émouvant. (Lire la suite…)

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Rencontre avec Henri Lœvenbruck

Henri LoevenbruckOn a profité de la présence d’Henri Lœvenbruck au Festival du film fantastique de Gérardmer 2024 pour lui poser quelques questions et parler adaptations de romans.

Quelques mots sur votre présence au 31e Festival de Gérardmer ?

Je me réjouis de retrouver les lecteurs au Grimoire, et si je le peux, de prendre un peu de temps pour voir quelques films. Je suis impatient de voir Girls, le court-métrage de Julien Hosmalin, un réalisateur pour lequel j’ai une affection particulière. Je suis aussi très heureux que La Ligue de l’Imaginaire, le collectif d’auteurs que j’ai créé il y a 15 ans, soit très bien représenté avec Bernard Minier, Bernard Werber, Alexis Laipsker et Mathias Malzieu. Notre collectif a des liens étroits avec le Festival depuis longtemps. Et puis, j’ai été très touché par la proposition d’Anthony Humbertclaude de monter une exposition autour de l’adaptation BD de La Moïra (Glénat), à la Maison de la Culture et des Loisirs. C’est la série qui m’a fait connaître, il y a vingt ans. Et que j’étais d’ailleurs venu dédicacer ici !

Le thème qui traverse le festival est “de l’écrit à l’écran”, qu’est-ce que cela vous inspire ?

Les liens entre écriture et cinéma sont évidemment essentiels et me tiennent à cœur. J’ai souvent œuvré pour créer des ponts en France entre ces deux médias, notamment au sein de la Ligue de l’Imaginaire, ce collectif de romanciers dans lequel le réalisateur Sébastien Drouin (Cold Meat) nous a rejoints, et avec lequel nous avons souvent organisé des rencontres avec des réalisateurs tels que Jan Kounen, Cédric Klapisch ou Jean-Pierre Jeunet. On peut mettre le plus grand metteur en scène du monde derrière la caméra, s’il n’a pas un scénario solide, le film a peu de chance de réussir. Beaucoup d’écrivains, dont je fais partie, voient leurs œuvres adaptées pour le grand ou le petit écran, c’est aussi le cas de Bernard Werber, Bernard Minier et Alexis Laipsker, trois de mes camarades de la Ligue, qui sont présents au festival. C’est émouvant, cette transposition vers un autre média. De voir quelqu’un s’emparer de votre bébé pour lui donner vie, le faire grandir…

Une transposition qui peut s’avérer difficile ?

Le travail d’adaptation est passionnant, parfois frustrant, bien sûr, car le format audiovisuel ne laisse pas autant d’espace que les longues pages d’un roman, mais tout l’intérêt est là : savoir tirer d’une œuvre sa substantifique moelle pour que son esprit transparaisse à l’écran, mais aussi pour que l’adaptation apporte quelque chose au livre, sinon, à quoi bon ? (Lire la suite…)

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Rencontre avec Mathieu Turi et Sébastien Vanicek

Le cinéma dans la peau

vermines-film-1Membres du jury longs-métrages du 31e Festival de Gérardmer et incarnations du renouveau du cinéma fantastique français, les réalisateurs Mathieu Turi et Sébastien Vanicek nous parlent de leur passion pour le grand cinéma.

Vous êtes les deux spécialistes du cinéma de genre du jury cette année. Une forme de reconnaissance de votre travail ?

Sébastien Vanicek : Mathieu a déjà trois films, moi un. Je débarque donc. Sinon, regarder des films grandioses et décerner des prix, je trouve ça plutôt particulier vu que j’ai un film qui est actuellement en exploitation (Vermines). Je le prends effectivement comme une reconnaissance et une marque de confiance de la part de mes pairs. Mais, même si j’en suis très honoré, j’ai encore un petit travail de légitimité à faire…

Mathieu Turi : Ce que je trouve très intéressant, c’est justement qu’on soit deux réalisateurs de genre parmi d’autres personnes qui ne viennent pas de cette culture. Nous avons dix films de genre à voir, j’avais hâte de connaître leur regard sur le genre et qu’on mélange nos points de vue. En tant que juré et cinéaste, je préfère être dans l’émotion que dans l’analyse. C’est une démarche assez spéciale de se retrouver du côté du jugement alors qu’on déteste qu’on juge nos films, surtout de façon non constructive.

Compte tenu de ses évolutions, quelle serait aujourd’hui votre définition du cinéma de genre ?

MT : Pour moi, ça ne veut pas dire grand-chose. Même si je crois qu’en France quand on parle de film de genre, on pense en priorité au cinéma fantastique et d’horreur. Mais là aussi, c’est très large parce qu’on peut y mettre à la fois un slasher dont le seul but est de faire flipper et un film fantastique poétique. (Lire la suite…)

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